Qui suis-je, vous demandez-vous ?

Déjà, je devrais dire « nous ». Sauf que si on s’exprime tous, ça va être une jolie cacophonie.

Paris, lundi 5 avril 2021

Alors « Je ».  

Je suis le camélia de la cour du 3, Place du Palais Bourbon. Pour être tout à fait honnête, je suis l’un des camélias. Je partage cette charmante cour avec d’autres camélias (je suis le mieux placé, et je vous dirai bientôt pourquoi), quelques rhododendrons, jasmins et buis. Je crois que c’est l’ancien propriétaire de l’immeuble qui nous avait installés là. Bien lui en a pris : à l’abri des courants d’air, il règne ici un micro-climat propice à notre épanouissement. Nous sommes les plus anciens résidents de l’immeuble, et nous observons sans relâche et patiemment les tranches de vie qui se succèdent. 

Comme je tiens mes promesses, je vais vous dire pourquoi je suis le mieux placé. Parce que j’ai élu domicile pile poil en face de la verrière de l’Atelier  Renard.  

Je vois tout mais je ne dirai rien ! Je plaisante. Au contraire, comment ne pas céder au plaisir de vous raconter ce qui se passe de l’autre côté des vitres  ? Cela fait si longtemps que j’observe, me délecte des histoires incroyables, des rencontres insolites, si longtemps que je suis le témoin silencieux de la  vie de l’Atelier Renard. 

J’ai vu tant de gestes répétés soigneusement, tant de différents cuirs caressés par des mains expertes, tant d’outils affûtés… J’ai tellement entendu  d’anecdotes racontées au détour d’une pause café ou d’un déjeuner. Car je ne suis jamais loin quand les langues se délient. Ici à l’Atelier, chaque commande, chaque sac ou objet reflète une histoire unique. Alors vous pensez si j’en ai, des choses à vous raconter. J’entends d’ici votre curiosité. Mais avant de continuer, il faut que je vous explique un point crucial. Brigitte Montaut cultive la discrétion, l’exclusif, la relation  affective et respectueuse au service de cuirs sublimes et d’un savoir-faire d’excellence. Pour elle, la discrétion représente l’essence même du luxe. Elle est intarissable et intransigeante à ce sujet. Le luxe n’est pas ostentatoire, non. Le luxe ne s’exhibe pas, non. 

Le sac ou l’objet en cuir que les clients viennent commander ici, c’est le résultat d’un désir, d’un besoin… Tout compte : le choix du modèle, du cuir, son  toucher si différent d’une peau à l’autre, sa couleur, son aménagement, sa taille. Le luxe, c’est de pouvoir partager, échanger, toucher, changer, créer…  En toute confiance et dans la plus grande discrétion. 

Vous comprendrez donc aisément que je ferai bien attention en vous racontant ce dont j’ai été témoin. Pas question de trahir la confiance des clients de l’Atelier dont je fais partie, somme toute ! 

Cela étant et sans nommer personne, je vais vous livrer quelques histoires, à commencer par le plus petit objet fabriqué par l’Atelier Renard. Un étui pour des baleines de chemises ! 

Je suis sûr que beaucoup d’entre vous ne savent pas ce que c’est. C’est une petite barrette que l’on glisse dans le col de la chemise pour qu’il se tienne  droit. 

Je me souviens parfaitement de cette femme élégante qui était venue faire faire l’étui pour son mari, un amiral, qui aimait passionnément les pinguoins. Si, je vous assure, puisqu’elle avait demandé que l’on fixe un pin’s en or representant le charmant animal, sur l’étui ...lui même en croco. Simple mais très personnalisé ! 

La liste est longue de ces commandes insolites, riches de rencontres étonnantes. 

La cousine de Brigitte a parlé un jour d’un inventaire à la Prévert. On est en plein dedans. Je continue ?