Paris,
Sacs en cuir cousus main et autres merveilles…
Jour après jour, depuis la cour, j’observe la vie et le travail des artisans de l’Atelier Renard. Ils y exercent leur métier d’art : selliers-maroquiniers. Je ne suis pas le seul à les observer, d’ailleurs : chaque nouvelle pièce cousue main suscite l’émoi et l’admiration de toutes les plantes de la cour. Mais c’est moi qui ai la meilleure place, aux premières loges. Mes branches graciles sont juste en face de l’établi, je vois tout par la baie vitrée : les outils, les esquisses, les projets en cours…
On parle d’un savoir-faire artisanal unique, transmis en secret de génération en génération et jalousement gardé.
Je vais vous confier quelque-chose : j’ai ma petite idée sur ce secret. À mon avis, il réside dans l’intelligence des mains des selliers-maroquiniers. Ces mains qui travaillent le cuir en répétant des gestes ancestraux, précis et experts. Si vous savez rester discret, je vous invite à les observer avec moi, vous verrez vite ce qui me fait dire ça.
Regardez ces mains qui s’agitent avec dextérité pour manipuler le cuir, le travailler et le transformer tantôt en sac, tantôt en portefeuille ou tout autre objet. J’en ai vu passer, des objets originaux, un véritable inventaire à la Prévert : une malle-cabine, des plateaux en agneau incrustés de cristaux Swarovski, des accessoires pour agrémenter les bureaux de l'Elysée et même, un étui pour un cure dent ...en or ! C’est aussi ça le charme du sur-mesure !
Quand les mains des selliers-maroquiniers entrent dans la danse !
Revenons donc aux stars de l’Atelier Renard : les mains expertes des artisans.
Tour à tour souples comme des roseaux ou fermes comme une pince, les paumes se tournent, s’ouvrent et se ferment. Du bout des doigts, les mains saisissent, lissent, affinent, pressent, cousent et caressent avec tendresse les différents cuirs. Tout camélia que je suis, je rêve d’avoir des mains ! Mes branches souples, mes feuilles toujours vertes et mes fleurs en rosaces parfaites… Certes c’est élégant, mais si peu pratique.
Un sac entièrement cousu à la main représente un travail minutieux qui nécessite non seulement des mains, mais aussi du temps. Beaucoup de temps. Et ces compagnons-là prennent le temps qu’exige le sur-mesure. Pour fabriquer ne serait-ce qu’une pièce en cuir à l’Atelier Renard, les mains des artisans devront répéter les mêmes gestes un nombre incalculable de fois. Tout cela, pour transformer ces morceaux de cuir que vous voyez là posés sur l’établi en un superbe sac en cuir au luxe discret ou en un portefeuille cousu main qui saura se faire remarquer.
Laissez-moi vous conter les mille et une petites étapes nécessaires à la fabrication d’un sac à l’Atelier Renard, la série de gestes accomplis à chaque fois par ces mains, avec une précision et une douceur étonnantes. C’est là que réside le savoir-faire des artisans.
Tout d’abord, les mains expertes découpent les différents cuirs traditionnels ou exotiques, extérieurs et intérieurs, ainsi que les renforts. Ici, tout est en cuir, même ce qui ne se voit pas ! Selon que le sac sera retourné ou sellier, la coupe est différente. C’est une phase essentielle du travail, effectuée avec maestria par les selliers-maroquiniers. Le cuir doit être ferme, sans défaut. Il en va de la qualité de la réalisation. Or, l’Atelier Renard vise la perfection.
Après la coupe, vient la refente. Il s’agit d’amincir le cuir à l’aide d’une machine : la refendeuse. Qu’il s’agisse d’un corps, d’un soufflet, d’une doublure, d’une poche ou d’une poignée... Chaque morceau de cuir a sa propre épaisseur et nécessite un traitement sur mesure.
La naissance d’un sac sur-mesure à l’Atelier Renard
Après un bon café pris dans la cour ou sur le coin de l’établi, vient le moment de la préparation, de l’encollage et de la surtaille. Les intérieurs des sacs et les différentes poches sont réalisés en fonction des souhaits du ou de la cliente. Une poche zippée pour ranger des lunettes, une petite poche plate pour un téléphone, un grand espace pour accueillir un ordinateur ? Et pourquoi pas un attache-clés ?
Objectif : personnalisation et praticité, pour que votre compagnon en cuir vous suive pendant des années !
Quand tout ce travail est fini, le sac peut alors être monté.
S’il est sellier, il sera monté à l’endroit pour pouvoir être cousu à la main. Je vous expliquerai bientôt tout cela en détail ! Pour l’avoir souvent observé, je connais maintenant le vrai savoir-faire sellier. Si le sac est retourné, on parle de sac « soft » : il sera monté à l’envers, avec un jonc qui viendra subtilement faire le lien entre les faces et les soufflets. Les pouces enfoncent alors les coins et font rouler le cuir, sans abîmer les faces, jusqu’à le retourner complètement.
C’est une véritable naissance. Tout cela prend du temps. Pour fabriquer un sac en cuir précieux, à l’épreuve de la patine du temps, il faut être patient.
Pour moi, le camélia, depuis la cour, c’est toujours un pur bonheur de voir ces mains à l'œuvre, avec créativité et respect. J’assiste tous les jours à une danse ininterrompue, au son des différents outils des compagnons : les marteaux, les pointes de coupe, la presse. Tendez bien l’oreille ! Entendez-vous la musique caractéristique de la cire d’abeille qui glisse sur le fil de lin ?
« À l'œuvre, on connaît l’artisan. » Jean de la Fontaine
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